N’aimez-vous pas les légendes du Roi Arthur ? Tourbillonnant dans les traditions mystiques, cette personnalité colorée et ses chevaliers de la Table Ronde inspirent des images de batailles, d’épées se heurtant, de lances et de potions magiques. Elles sont peut-être la plus grande cause d’investigations et de débats parmi les historiens, et ont figurées comme la pièce maîtresse de tant de fables, d’œuvres littéraires, de bandes dessinées, de théâtre et de films. Mais jamais il n’a été historiquement, scientifiquement et de façon concluante prouvé que le roi Arthur existait, sauf .... Peut-être.... est-ce possible?
Permettez-moi de vous emmener dans une petite zone qui longe la magnifique côte dalmate de Croatie. Qui aurait cru que cet endroit jouerait un rôle dans ces fables médiévales ? Au cours de la dernière décennie, les historiens et les archéologues ont envisagé la possibilité que le roi Arthur vivait dans cette région. Est-ce que c’est vrai ? Ou est-ce juste une ruse lancée dans un roulement de tambour pour attirer les touristes dans la région? Cela a assez suscité notre intérêt pour explorer cet endroit et enquêter sur ce qui y a été découvert.
Nous venions de passer une journée à Split, une ancienne et notamment très belle ville côtière croate avec de nombreux endroits intéressants et ravissants à visiter, où nous avions entendu parler pour la première fois de cela. Nous avons donc tracé notre route pour vérifier la source de ces théories. Le lendemain matin, nous sommes partis de Split Marina et, après avoir prudemment manœuvré dans le port très fréquenté, nous avons hissé notre voile pour un court voyage au sud-est de Podstrana. Après un peu plus d’un total de 6 nm de Split, nous avons jeté l’ancre dans la baie de Saint-Martin et sommes allés à terre à l’église du même nom nichée entre la baie et la route de Saint-Martin, qui fait partie de la Magistrala (la route côtière principale vers Dubrovnik). Nous y avons rencontré Denis Jonjić, assistant historique et coordinateur du projet éducatif et archéologique à Podstrana. C’est l’endroit où tout a commencé!
En 1925, l’érudit américain Kemp Malone, après avoir cherché des références sur Arthur, découvrit, dans cette modeste église, un ancien mausolée romain portant le nom de Lucius Artorius Castus. Il s’agissait d’une découverte passionnante car jamais rien auparavant n’avait été découvert entre le 2ème et le 4ème siècle en rapport avec le nom
« Arthur ». Maintenant, nous étions là, baissant les yeux vers la dalle de pierre, qui avait été précédemment posée à l’entrée du mausolée somptueux d’Artorius où des objets commémoratifs et des hommages avaient été placés en sa mémoire. Était-ce en fait le dernier lieu de repos du noble héros, Arthur ?
Denis, un ancien moniteur dans un club de voile à Podstrana, nous a dit qu’il y a environ 12 ans, un groupe de chercheurs anglais est arrivé à Podstrana et l’a interrogé sur le fait que le roi Arthur avait pu être dans la région. Il a été le plus surpris car il n’avait jamais rien entendu à ce sujet auparavant. Quelques jours plus tard, un autre groupe est arrivé en posant les mêmes questions. Bien sûr, son intérêt a été piqué ; alors il a fermé sa boutique pour les aider à explorer. Il les conduisit à l’église Saint-Martin et là, à son grand étonnement, on lui présenta cette information. Plus il s’y plongeait, plus il était exalté à ce sujet.
Denis nous expliqua la signification des inscriptions sur la dalle de pierre, qui décrivent l’illustre et longue carrière militaire d’Artorius dans l’armée romaine, commençant comme soldat sous le règne de l’empereur Hadrien (117 -138), exécutant d’importantes fonctions dans cinq légions, menant une flotte de guerre impériale, devenant un centurion dans la trentaine, un duc (dux) et enfin le gouverneur/procureur de Liburnia. Il n’est pas certain qu’Artorius soit né dans la région, mais il y a certainement vécu et a été enterré ici à la fin du 2ème siècle après JC quand Podstrana était connu sous le nom de Pituntij. Il est dit qu’Artorius avait emmené un groupe de soldats sarmates en Grande-Bretagne en 181 où ils ont participé à plusieurs batailles, dont une au mur d’Hadrien. Les Sarmatiens étaient d’anciennes tribus qui étaient installées dans les steppes entre ce qui est aujourd’hui la Pologne et le Danube. Ils idolâtraient le dieu du feu et leurs féroces guerrières se battaient aux côtés de leurs hommes. Maintenant, écoutez ceci : ils étaient également connus pour combattre à cheval sous une tête de dragon en bronze attachée à une bannière, portaient des armures et possédaient des boucliers et des lances, un peu comme les Chevaliers de la Table Ronde. Hmmm? Ça fait réfléchir, n’est-ce pas ?
Artorius est apparu dans le film de Jerry Bruckheimer en 2004, « King Arthur » mettant en vedette Clive Owen dans le rôle principal. John Matthews, savant indépendant, chercheur et auteur de plus de 100 livres sur des thèmes arthuriens et connexes, et Linda Malcor, universitaire titulaire d’un doctorat en folklore et mythologie et auteur du livre remarquable « From Scythia to Camelot », qui fut le premier livre à exposer la théorie de Castus, se rencontrèrent pour la première fois et participèrent au film en tant que conseillers.
Cette théorie récemment dévoilée a attiré l’attention des chercheurs de très loin. Comme nous le savons tous, les légendes du roi Arthur ont une forte attraction magnétique et, bientôt, de plus en plus de gens se précipitèrent vers les rives de Podstrana pour enquêter.
En mars/avril 2012, la première conférence organisée par John Matthews s’est tenue à Split sous le titre de: « Lucius Artorius Castus: The Real King Arthur ». La conférence a attiré 22 délégués de 10 pays et une deuxième conférence a eu lieu en octobre 2019.
Bien que beaucoup de personnes soient opposées aux théories de Lucius Artorius Castus, quelques découvertes passionnantes ont été faites qui pourraient établir ceci comme un fait. Il s’avère qu’il n’y a jamais eu de « roi » Arthur. Il était, soit l’officier légionnaire du IIe siècle, Artorius, soit un guerrier et chef d’origine romano-britannique ou celtique. Arthur n’était pas un roi, mais un général. Avec le temps, l’histoire s’est confondue avec le folklore et des questions ont été soulevées quant à savoir si le roi Arthur, Camelot, Lancelot et autres ont été conçus à partir de l’imagination pure pour se dérouler dans les contes que nous connaissons et aimons. Et Uther Pendragon, et bien sûr, la sournoise Morgana ? Qu’en est-il d’Igrane, un petit village côtier plus au sud? Le nom était-il lié à la mère d’Arthur, Igrayne ? Y a-t-il aussi un lien entre le grand amour d’Arthur, Guinevere ,(épeautre en celtique, Gwenhwyfawr) et Zanjeva, le nom d’une partie orientale d’Igrane?
Beaucoup de questions, et pourtant, de nombreuses similitudes ont été soulevées comme le Nartamonga, qui avait la capacité d’améliorer les capacités héroïques, semblable au Saint Graal; et Batradz qui en était le propriétaire et qui, blessé sur le champ de bataille, demanda à son lieutenant de jeter son épée magique dans un lac. Tout comme l’histoire d’Excalibur, la tentative a échoué deux fois jusqu’au troisième essai réussi. Ces références ont été trouvées dans les histoires et les légendes des Sarmatiens. Il y avait un fort, qui n’existe plus, appelé Avalannna à Burgh-by-Sands, en Grande-Bretagne, qui aurait pu être Avalon. Il y a aussi quelques découvertes qui exposent Merlin à la lumière, lesquelles, en y regardant de plus près, était réelles et se situaient en Ecosse.
Les archéologues ont commencé à travailler à l’église Saint-Martin et en atteignant une profondeur de 2m, ont trouvé quelques céramiques. Des parties d’un mur construit en pierre proconessienne a été récemment révélé, un mélange de marbre / cristal trouvé en Turquie, qui était utilisé dans les bâtiments appartenant à de riches dignitaires de haut rang et qui ont dû avoir été expédié ici. Cela donne du poids à la croyance que cela pourrait bien avoir été une partie de la villa où Artorius a vécu, ou les murs de défense du château. Malheureusement, actuellement, ils ne sont pas en mesure de poursuivre les fouilles en raison de la présence d’un cimetière se trouvant sur les terres de l’église le qualifiant de terres consacrées.
Les deux chercheurs de premier plan et passionnés sur le sujet, John Matthews et Linda Malcor ont compilé ces informations dans un livre intitulé « The Roman King Arthur», qui doit être publié prochainement. Denis Jonjić se consacre à la poursuite de la recherche, permettant l’exploration archéologique et la création d’un musée et organisant des événements liés au thème d’Artorius. Je suis sûr que nous en entendrons davantage parler dans un proche avenir.
Alors, que pensez-vous de tout ça ?
Tandis que nous nous éloignions de la rive en regardant l’agréable ville tranquille entourée de verdure, nichée contre des collines protectrices, rocheuses, chacun de nous laisse son esprit errer, méditant sur cette révélation. J’imaginais le bruit des sabots d’une cavalerie de chevaliers en armure scintillante, des bannières de dragon au vent, partant le long de la plage de galets pour aller combattre dans des terres lointaines... dirigé par un guerrier de renom, son épée brandie, dont l’histoire s’est transformée à travers les chroniques du temps, mêlant l’histoire avec le mystère et le mysticisme - Arthur ou devrions-nous l’appeler Artorius?!
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Auteur: Diana Karmela
Photos: L’Office du tourisme de la commune de Podstrana
Mes remerciements à John Matthews et Denis Jonjić pour leur information éclairante et leur enthousiasme à la partager.
